Depuis l'ouvrage référence de Roger Grand sur L'art roman en
Bretagne (1958) aucune étude approfondie n'avait été entreprise sur la
sculpture romane en Bretagne. Cet ouvrage, accompagné d'un
catalogue de cinquante-neuf monographies, apporte un éclairage
complètement renouvelé.
L'auteur fixe les conditions de la création en Bretagne et s'intéresse,
au matériau constitutif de la sculpture, le granite inapte à la taille,
souvent mis en exergue pour justifier d'un intérêt restreint pour la
sculpture romane bretonne ; mais la nature des matériaux n'est pas
déterminante. En Bretagne comme ailleurs les grands courants qui ont
marqué la genèse de l'art roman et son développement ont existé et
comme ailleurs, il y a eu parfois des créations originales.
Le premier ensemble regroupe des édifices qui ont donné une place
majeure à une ornementation végétale inscrite dans la tradition des
chapiteaux corinthiens. De Redon à Landévennec, ces réalisations
apparaissent dès 1050 dans les grands centres monastiques
méridionaux. Témoins d'un art de prestige, elles sont révélatrices de
l'influence des familles régnantes.
La seconde aire artistique est plus floue, mais son centre s'est
déplacé vers l'ouest bretonnant. Les artisans des édifices paroissiaux du
pays Pourlet ou de Locquénolé privilégient une ornementation qui tout
en étonnant par sa rudesse, fait également percevoir, en cette fin du
XIe siècle, une pratique maîtrisée de l'art géométrique.
Dans les marges orientales, à Dinan ou à Malestroit, au XIIe siècle,
se développe une sculpture figurée sensible aux influences extérieures.
Monstres et animaux se multiplient, les scènes religieuses accaparent les
chapiteaux. Cet art là n'a pas beaucoup franchi la ligne de partage
linguistique, pas plus que l'art géométrique ne s'est guère répandu vers
l'est.
Au-delà des considérations artistiques, le livre, largement illustré,
nous fait percevoir une société dont demeurent généralement peu de
témoignages écrits et nous invite, de Tréguier à l'île d'Arz, de Nantes à
Landévennec, à la découverte d'un patrimoine méconnu.
L'ouvrage d'Anne Autissier est tiré de sa thèse de doctorat en
histoire de l'art médiéval, soutenue en 2001, au Centres d'études
Supérieures de Civilisation médiévale de Poitiers.
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