La colonie littéraire allemande en Belgique, 1914-1918

Les conséquences de l'invasion allemande de la Belgique le 4 août 1914 ont été innombrables. Elles ont développé leurs effets tout au long du XX^e siècle.

Un de ceux que l'on commente peu est l'impact sur la composante germanique de l'identité «d'entre-deux», car le mythe de l'âme belge y trouvait un de ses fondements. Les hérauts de la grande littérature francophone fin de siècle, qui l'incarnent, ont été profondément marqués par ce traumatisme; par cet impensable.

Dans ce contexte, l'histoire de la «colonie» littéraire allemande en Belgique occupée s'avère essentielle puisqu'elle accouche d'une autre modernité. L'apogée local de l'expressionnisme littéraire en Belgique en temps de guerre sous la houlette de Carl Sternheim et de Gottfried Benn; l'épisode de la révolution des soldats-ouvriers allemands à Bruxelles en novembre 1918, emmenés entre autres par Carl Einstein; les romans oubliés de Friedrich Eisenlohr et de Thea Sternheim consacrés à cette période; la vaste entreprise de promotion de la culture flamande initiée par l'éditeur Anton Kippenberg ou la revue DerBelfried, dirigée par Wilhelm Hausenstein; les ambivalences politiques fondamentales du dialogue avec les auteurs belges Clément Pansaers, Georges Eekhoud, Stijn Streuvels...; la littérature de guerre engagée et celle d'Ernst Jünger; les difficiles efforts de réconciliation de l'après-guerre dans le cadre du mouvement «Clarté», animé en Belgique francophone par le futur collaborateur Paul Colin..., autant d'éléments qui méritent un traitement exhaustif et nuancé pour une meilleure compréhension du rapport de la Belgique à l'Allemagne.

On en trouvera, pour la première fois, l'exposé détaillé dans ce volume qui paraît à l'heure où l'historiographie de la Première Guerre mondiale connaît non seulement un renouveau mais remet en cause en Belgique plus d'un cliché. Il replace en perspective la vie culturelle sous l'occupation.

Adaptation revue et augmentée de la thèse publiée en langue allemande chez Peter Lang en 1999.

La collection Archives du Futur est dirigée par Marc Quaghebeur et publiée sous la responsabilité des Archives et Musée de la Littérature à Bruxelles.