Une île est un espace particulier, où les apparences peuvent être
trompeuses et le meurtre d'une femme ne pas relever du banal fait divers.
Le voyage de Nikki Black vers l'île d'Aysaar n'a rien d'un classique retour
aux sources et aux racines familiales. Il en est au contraire une version
antithétique, dans le registre de l'humour noir et du tragi-comique, voire
du tragique puisque ce qui aurait pu être une simple quête des racines
est motivé par l'idée fixe de Nikki : tuer sa mère, qui l'a abandonnée à
sa naissance 29 ans plus tôt. La rencontre d'un demi-frère, Calum, dont
elle ignorait l'existence, va tout changer, et l'aventure insulaire revêtir dès
lors la forme d'un roman d'initiation tandis que l'inclusion dans le récit
des histoires et légendes racontées par Calum relie Une île à toute une
tradition de contes et de mythes, celtiques et autres, et lui donne ainsi une
dimension qui transcende l'anecdotique malgré un ancrage très visiblement
contemporain.
De même que certaines références précises au contexte social et
historique de la fin du XXe siècle, la langue du roman, en particulier dans
les dialogues, l'inscrit en effet ostensiblement dans l'époque actuelle. La
traduction est accompagnée de notes car un contexte contemporain peut,
tout autant que le passé, nécessiter des éclaircissements pour un lecteur
étranger auquel ce contexte n'est pas toujours familier.
Cette traduction est suivie de quelques réflexions sur le roman de Jane
Rogers, esquisse d'analyse d'un texte dont la très grande richesse ne tient
pas uniquement, loin s'en faut, au fait que l'on y puisse lire, par un paradoxe
qui n'est qu'apparent, un hommage appuyé à La Tempête et, au-delà,
à l'écriture dramaturgique de Shakespeare.
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