«Chez lui, la pitié et le désir physique étaient logés au même
endroit.» C'est ainsi que Ludmila Oulitskaïa décrit le ressort secret
qui fait de son héros Chourik une sorte de saint laïque entièrement
dévoué aux femmes. Après avoir grandi entre une grand-mère
énergique qui lui a inculqué les bonnes manières autant que le
goût des langues étrangères, et une mère fragile au tempérament
artistique incertain, il apprend vite à sécher les larmes de toutes les
femmes autour de lui. Leur solitude lui inspire de la compassion,
et ce sentiment, invariablement et malgré lui, réveille ses mâles
instincts...
Chourik, qui est de surcroît un jeune homme d'une grande beauté,
devient ainsi l'objet de toutes les convoitises, et doit déployer une
activité sexuelle débordante pour consoler une impressionnante
ronde de femmes : Mathilda, Léna, Valéria, Svetlana, parmi tant
d'autres, attendent de lui réconfort, voire plus. Sauf Lilia, son amour
de jeunesse, la seule femme qu'il n'a jamais eu à consoler, pendant
quelques semaines d'un bonheur insouciant - mais Lilia a émigré
en Israël.
Avec un bonheur narratif éclatant, ce roman nous emmène sur
les traces du parcours amoureux, ou plutôt sexuel, de ce don Juan
à l'envers. Chourik est un antihéros profondément original, tragicomique,
une âme tendre et sensible qui rate sa vie par pitié pour
les autres. Mais Ludmila Oulitskaïa parvient aussi à entraîner une
nouvelle fois son lecteur dans une vaste fresque de la société russe,
dont les très nombreux personnages secondaires illustrent toute la
complexité.
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