L'art et le mythe sont au centre de la pensée de Schelling. Le séminariste
de Tübingen envisage une nouvelle mythologie et le philosophe de
l'Identité voit en l'art une effigie de la philosophie : manifestant l'Absolu,
il est mythologie, représentation et histoire des dieux construisant
idéalement ce que la nature produit réellement. Rompant avec le projet
systématique de l'idéalisme spéculatif, la dernière philosophie substitue à
la philosophie de l'art une philosophie de la mythologie, décrivant
l'odyssée de la conscience aux prises avec un processus théogonique
débouchant sur la Révélation : la mythologie trouve ainsi en elle-même
le principe immanent de son explication. Schelling n'accomplit alors
l'idéalisme allemand qu'au prix d'une rupture avec la métaphysique
moderne, oscillant entre un tournant théologique et une déconstruction
du logocentrisme. Cette persistance de la mythologie fait la
singularité de Schelling dans l'idéalisme allemand. La continuité entre
mythologie et Révélation le rattache secrètement à Hölderlin, à la
manière dont le poète relie le Christ à Héraklès et Dionysos. S'ouvrent
ainsi la possibilité d'une phénoménologie du divin et des problématiques
contemporaines du mythe, ainsi que l'irruption des questions conjointes
de l'existence, de l'être et de l'événement, qui ne cessent de hanter la
pensée après la métaphysique accomplie.
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