Nombreux sont les tableaux qui jouent un grand rôle dans
l'économie d'ensemble du roman proustien, tels que La Vue de
Delft de Vermeer devant le «petit pan de mur jaune» de laquelle
succombe Bergotte, ou Le Patriarche di Grado exorcisant un
possédé de Carpaccio dans lequel le héros reconnaît le manteau
de Fortuny que portait Albertine avant sa fuite. Le roman de
Proust fournit toute une galerie d'artistes de tous pays :
Carpaccio, Giotto, Léonard, Mantegna, Memling, Bruegel,
Vermeer, Hals, Rembrandt, le Greco, Turner, Whistler, Chardin,
Manet, Monet, Moreau, et les portraitistes mondains de l'époque
tels que Boldini et Helleu. Nous examinons tout d'abord quand et
comment Proust a pu voir les tableaux de tel ou tel artiste, en
enquêtant sur les musées, les expositions, les collections particulières,
les monographies de l'art de l'époque, et sur les brouillons
et les notes de l'écrivain. Ensuite sont analysées les fonctions
remplies par ces artistes dans À la recherche du temps perdu.
Comment faut-il expliquer les diverses façons de présenter la
peinture : tableaux désignés, suggérés et cachés dans le roman ?
Et quel est le rôle de l'idolâtrie artistique chez Swann aussi bien
que chez Proust ? La dernière partie est consacrée au peintre
imaginaire Elstir et ses tableaux : Miss Sacripant, Une botte d'asperges
et le Port de Carquethuit.
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