Ce livre n'est pas un traité de philosophie. L'auteur y pense comme
il veut sur le fait de penser comme on veut : «Le plaisir de penser me
semble provenir d'une impression de liberté intérieure, encore plus
que de l'espoir d'établir des vérités. Les idées valent par elles-mêmes
quand on en a le goût. Toutes n'appellent pas l'approbation ou le
rejet... Quand elle n'est pas sollicitée par une question pressante, la
pensée a la gratuité d'une activité esthétique, et c'est sans doute ce
qu'elle est, indépendamment de sa qualité intrinsèque. Un peu
comme le plaisir de marcher, de courir, de siffler, de chanter ; comme
tout dégourdissement physique ou mental motivé par l'amusement
d'exister.»
Georges Picard défend l'idée que la vitalité de la pensée vaut
autant que les conclusions auxquelles elle aboutit. Renouant avec l'esprit
dilettante symbolisé par le Neveu de Rameau («Mes pensées, ce
sont mes catins»), il penche pour une conception désillusionnée mais
dynamique de la pensée. «Les théoriciens qui ont la prétention de
nous faire croire à la nécessité des idées qu'ils défendent, alors
qu'elles sont au plus judicieuses ou originales, que leur pertinence
est celle d'une logique singulière, donc arbitraire, jouent avec notre
crédulité de lecteurs assoiffés de belles histoires... La jouissance de
penser ne suppose pas une fidélité éternelle à ses opinions ; l'essentiel,
c'est le cheminement qui maintient l'esprit dans une fraîcheur
toujours prête à se laisser surprendre par la nouveauté.»
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.