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Pierre Daix, après des études supérieures d'histoire interrompues par la Résistance, est devenu rédacteur en chef des Lettres françaises de 1948 à 1972. Collaborateur d'Aragon, ami de Picasso, de Fernand Léger, de Paul Eluard et de Tristan Tzara, il a acquis, grâce à eux, la connaissance directe de l'histoire de l'art moderne au xxe siècle, tout en suivant les grands débats de l'actualité. C'est à partir de 1960 qu'il publie ses premières biographies de peintres (Delacroix, 1963, Picasso, 1964). Cette œuvre lui valut la commande du catalogue raisonné de l'œuvre de jeunesse de Picasso, que suivra un catalogue du cubisme de Picasso devenu, dès sa publication, un classique. Pierre Daix a publié en 1982 le Journal du cubisme qui renouvelle la connaissance de la période. Dans l'intervalle, il a écrit deux essais théoriques : Nouvelle critique et art moderne (1967) et l'Aveuglement devant la peinture (1971) puis trois biographies qui ont fait date : Aragon, une vie à changer (1975), La vie de peintre de Pablo Picasso (1977), La vie de peintre d'Edouard Manet (1983). Il est le producteur de l'émission Désirs des Arts sur Antenne 2, et vient de publier au Seuil son dixième roman : La Porte du temps. La peinture n'a pas choisi d'être moderne. Elle l'est devenue au xixe siècle en France. Couple étrange que celui de la peinture et de la modernité. Ce n'est pas un couple de raison mais un couple né de l'histoire. L'œuvre peinte sera alors le révélateur de la transgression culturelle, ce qui lui vaut d'emblée les répressions de l'ordre établi et explique l'apparition d'une véritable contre-culture, à l'échelle européenne, au temps de Gauguin, de l'expressionnisme, des fauves et du cubisme. La première guerre mondiale, qui détruit l'Europe intellectuelle, ouvre la voie aux régressions du "Retour à l'ordre" en France et des systèmes totalitaires en Italie, en Allemagne, en Russie. Cette histoire de l'art moderne de 1860 à 1960 n'avait jamais été traitée. Elle ne figure d'ailleurs pas dans les programmes scolaires français. Pourquoi ? Pierre Daix s'interroge sur le sens de ces exclusions qui marquent une page de notre histoire culturelle. Il ouvre de nouvelles perspectives sur le rôle du surréalisme dans l'entre-deux-guerres qui résiste aux principes d'ordre et annonce la modernité culturelle. La problématique de l'art moderne s'enlise après 1950. Sommes-nous pour autant dans le post-moderne ? S'agit-il d'un post-modernisme qui ne relègue dans le passé que les avant-gardes ou d'une post-modernité qui ferait de la révolution dans l'art une simple parenthèse ? La modernité serait-elle réversible? Dans cet essai brillant et informé, Pierre Daix pose avec force et rigueur les problèmes majeurs de notre avenir culturel.