«Trahie», «malheureuse», «accablée» : celle qui
se présente ainsi aime d'un attachement fatal
un homme qui l'a abandonnée pour partir à la
guerre. Interrogations sur son avenir amoureux,
exclamations sur ses tourments, imparfaits du
subjonctif pour décrire une si malheureuse
aventure, c'est l'arsenal rhétorique de la passion
qui enflamme ces cinq lettres, déchirantes. Mais
peut-on, lorsqu'on aime ardemment, désirer
retrouver la sérénité ? «J'aime bien mieux être
malheureuse en vous aimant, que de ne vous
avoir jamais vu»...
Après avoir exposé le débat autour de la question de
l'authenticité de l'oeuvre, qui fut une énorme supercherie,
l'accompagnement critique décortique les rouages du
roman épistolaire à une voix et les enjeux de l'illusion
romanesque (voir Groupement de textes, Boursault, Vadé,
Rousseau et Laclos). Il explique la conception nouvelle de
l'amour qui naît au XVIIe siècle et comment Guilleragues
donne à voir le spectacle d'une passion empreinte de
théâtralité tragique, depuis le désir pur jusqu'au rejet et
à la solitude la plus profonde. Une lecture détaillée de la
troisième lettre vient enrichir le commentaire.
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