«Une semaine s'écoula sans que l'on n'eût de nouveaux éléments sur cette affaire
au coeur de toutes les causeries, surtout des femmes autour de la margelle
de l'unique puits de Tèdi. Mais, une nuit, tout s'accéléra ; le gong retentit encore,
car Yaya Nintchè, l'homme victime du vol d'igname, après être allé consulter le
chef pour une deuxième fois, avait décidé de soumettre toute la population du village
à l'ordalie la plus redoutée par les habitants de cette petite localité : chaque
personne devait faire ses ablutions, puis se présenter chez l'imam pour jurer, la
main droite sur le Coran, n'être pas le voleur qu'on recherchait. Il était admis
par tous les Tèdiens que mentir la main sur le Coran provoquait forcément la folie,
maladie psychologique qui constituait à leurs yeux une menace pire que la mort,
elle était la pire des morts, la mort sociale»
A partir du comportement de Maurice Boyer, l'auteur montre, d'une part, l'ambivalence
des rapports entre les ethnologues occidentaux et les peuples qu'ils
étudient ; et, d'autre part, toute la sagesse d'un imam pour enseigner les valeurs
morales de l'islam à une population rurale dont il respecte cependant les propres
croyances séculaires.
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