L'effacement de l'artiste
interroge un aspect décisif de l'art des
années 1960 et 1970, qui a acquis valeur de paradigme. De manière circonstanciée,
Natacha Pugnet y analyse les visées et les incidences d'une désubjectivation
paradoxale en ce qu'elle semble a priori contraire au processus créateur. Autant
que les propos des artistes, leurs productions elles-mêmes témoignent pourtant
de la recherche d'une impersonnalité stylistique ; elles procèdent d'un faire
anonyme, marquent l'appropriation d'un déjà-là, se montrent indifférentes au
chromatisme, multiplient les procédures répétitives, etc. Pour être souvent
décriée, la thèse de la «mort de l'auteur» - que défendirent Barthes et Foucault -
n'en montre pas moins un point de convergence essentiel avec la critique
radicale, depuis l'intérieur, de toute position souveraine de l'artiste. Et si diverses
pratiques actuelles héritent manifestement de cette attitude, c'est que
l'effacement est désormais intériorisé. Il aura permis de repenser la figure de
l'artiste, telle qu'elle se redessine à un moment charnière de l'histoire de l'art,
entre la fin des avant-gardes et ce qu'on nomme la postmodernité.
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