Au moment où les pays du Maghreb se libéraient l'un après l'autre
de l'emprise coloniale, la mise en place simultanée d'une politique de
coopération avec la France était paradoxale. C'était particulièrement
sensible en Algérie, où le flux des rapatriés et militaires qui regagnaient
massivement la métropole à l'issue d'une guerre impitoyable croisait
celui des milliers de jeunes diplômés qui traversaient en sens inverse la
Méditerranée, porteurs d'un espoir de réconciliation, de reconstruction
et de développement partagé.
Cette coopération fut intense dans l'enseignement supérieur, lieu par
excellence où se négociaient des éléments de rupture et d'héritage avec
le passé. Les ambitieux projets de société qui se formulaient alors au
Maghreb trouvaient leur prolongement dans les questionnements des
sciences sociales. Quel bilan intellectuel et humain tirer aujourd'hui de
ces années singulières de la coopération ?
Pour y répondre, cet ouvrage conjugue deux approches, d'histoire
orale et d'histoire intellectuelle. D'une part, le film «Coopérations»,
joint au volume (DVD) et réalisé à partir d'une enquête auprès d'universitaires
français et maghrébins, montre la diversité des parcours individuels.
D'autre part, les contributions à l'ouvrage s'attachent à analyser
la dimension collective de l'expérience de coopération et ses effets
sur la reformulation des savoirs en sciences sociales.
Les deux approches se complètent et s'imbriquent, d'autant que les
auteurs sont aussi pour beaucoup des acteurs de cette période. Leur
statut de spécialistes des sciences sociales donne à leurs témoignages
oraux ou écrits une tonalité particulière. Loin d'opposer la mémoire et
l'histoire, l'ensemble incite à replacer chaque destin individuel dans une
aventure humaine et intellectuelle commune.
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