Tour à tour journaliste, éditeur littéraire, éditeur
musical, organisateur de concerts et
impresario, Gabriel Astruc (1864-1938) fut
aussi fondateur du Racing-Club de France et
le maître-d'oeuvre des saisons des Ballets
Russes de Diaghilew. Mais, surtout, il prit
l'initiative de faire construire, avenue Montaigne à Paris, le
Théâtre des Champs-Elysées, dont il fut le premier directeur.
C'est sous son règne qu'eut lieu la création du ballet d'Igor
Stravinski, Le Sacre du printemps, en mai 1913. Ruiné, mis
en faillite six mois à peine après l'ouverture de ce «Temple»
dédié à la musique et à la danse, traîné dans la boue par
tous les antisémites de l'époque, c'est Marcel Proust qui lui
apporta le réconfort de son admiration et de son amitié,
allant jusqu'à lui proposer de l'aider à rédiger ces souvenirs,
publiés en 1929, quelques mois avant la disparition de
Serge de Diaghilew. Cette nouvelle édition du Pavillon des
fantômes, augmentée de documents rares et inédits, remet
enfin Gabriel Astruc à sa juste place : une place centrale
dans la vie artistique de la première partie du XXe siècle.
Personnalité forte, inclassable, prodigue, d'une grande sûreté
de goût et de jugement, Gabriel Astruc a «tout vu, tout
compris, tout retenu de son temps», jugera son ami et collaborateur
de toujours, le critique musical Robert Brussel.
En ce sens, il ne fut pas seulement un observateur de son
époque mais un acteur essentiel de la vie culturelle et un
créateur irremplaçable qui contribua à faire du Paris de la
Belle-Epoque la capitale artistique du monde.
Olivier Corpet
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.