La figure du crâne, cette absence-présence, obsède l'histoire de l'art,
toutes civilisations et cultures confondues. Objet de fascination, de répulsion
ou de méditation, catégorisé comme Vanitas ou Memento mori, il a
été représenté par tous les artistes, des anonymes mosaïstes de Pompéi aux
graveurs des danses macabres médiévales en passant par les peintres hollandais
de la Contre-Réforme, par Picasso, Van Gogh, Cézanne, jusqu'aux
agents provocateurs de l'art contemporain, dont Damien Hirst et son
crâne ultime, serti de diamants. Le crâne nous regarde de ses yeux béants,
nous fait buter sur la question de la transcendance ou du néant. Il est un
miroir ô combien plus fatal que celui de la marâtre dans Blanche-Neige :
«Miroir, ô miroir de ma finitude, serai-je donc ceci ?» Oui, le crâne
nous force à engager un dialogue avec nous-même ; lequel peut être
teinté d'effroi ou d'humour noir, de religiosité ou d'ironie subversive.
Plus que jamais, en ce XXIe siècle qui voit sa course s'accélérer vers
l'abîme, le crâne crâne. Pourquoi les représentations du crâne se sont-elles
métastasiées dans l'art, comme dans le monde marchand ? Parce
que la mort est vidée de son sens ou parce que la vie nous presse ? Ce
livre consacré aux vanités ouvre des pistes ludiques, eschatologiques,
poétiques, artistiques, scientifiques et littéraires. Il établit des correspondances
visuelles inédites et stimulantes, bref, il moque et dénonce
tous les clichés morbides attachés au crâne, au profit d'un hymne à la
vie, à l'épicurisme, au carpe diem car, comme le dit Pascal dans ses
Pensées, «il faut être toujours botté et prêt à partir».
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