L'Âge classique (XVIIe et XVIIIe siècles) est souvent vu, en France,
comme le grand moment de «standardisation» du français, celui
où grammairiens, commentateurs et écrivains joignent leurs
efforts pour unifier la physionomie de la langue et la rendre
proche de leur idéal. L'objectif est de construire une langue
moderne dont la «perfection» égale celle du latin. Comment cela
est-ce possible ? L'hypothèse que défend cet ouvrage est que cette
entreprise s'est adossée à fort imaginaire, que synthétise l'expression
«génie de la langue française», imaginaire qui a conduit à
postuler l'existence d'une «seconde structure» du français, plus
belle et plus parfaite que celle qui est observable dans les usages.
Il propose, pour le montrer, une lecture nouvelle de plusieurs
lieux emblématiques et problématiques de la description du français,
comme l'ordre des mots, la théorie de la liaison dans la
phrase, l'article, l'ellipse, mais aussi les représentations que les
contemporains se font des figures, de la compétence des locuteurs,
ou de l'agrammaticalité dans la langue. La période considérée
va de la fin du XVIe siècle (Sanctius) à la fin du XVIIIe siècle (le
concours de l'Académie de Berlin), avec une attention particulière
portée aux «remarqueurs» de l'après-Vaugelas, comme Bouhours,
mais aussi aux textes des grammairiens professionnels.
À travers ce grand déploiement d'idéalisation et de rêveries sur
la rationalité de la langue, c'est un moment clé dans l'histoire des
représentations du français que nous parcourons, tout en suivant
une réflexion plus large sur les fondements imaginaires de la description
linguistique.
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