L'utilisation du renseignement dans les campagnes de Napoléon est
restée longtemps un sujet peu et mal connu. Certes de nombreux livres
ont été consacrés au fameux Schulmeister, cet espion peut-être aussi
fabulateur que Vidocq, son contemporain dans le monde du crime. En
tout cas Schulmeister a éclipsé d'autres agents secrets comme Le Lorgne
d'Ideville ou Thiard de Bissy dont l'activité est plus facile à cerner.
La vision du renseignement chez Napoléon est réduite, car l'Empereur
ne définit-il pas l'agent du renseignement comme «un bon général d'avant-poste»
? Il suffit d'avoir reconnu le terrain et d'être instruit sur l'importance
des effectifs ennemis et sur leurs mouvements. Le diplomate en poste chez
l'adversaire joue un rôle capital avant la campagne et l'éclaireur à cheval,
généralement un aide de camp, fournit le renseignement à chaud. Il y a aussi
les interrogatoires de prisonniers et les courriers interceptés.
Napoléon a compris l'intérêt du renseignement dès la première campagne
d'Italie comme on va le découvrir dans ce livre.
Pour étudier ces débuts de l'espionnage moderne, il fallait un spécialiste
doublé d'un érudit. C'est le cas d'Alain Montarras. Il parle de ce qu'il
connaît, mêlant son expérience d'officier à la Ière DFL à une connaissance
approfondie des archives. Il pressent, devine, imagine et le document vient
confirmer ses hypothèses. Ne fut-il pas le collaborateur de Roger Warin
dit Wybot, ancien chef du service de contre-espionnage de la France libre
à Londres puis directeur de la Direction de la Surveillance du Territoire ?
Alain Montarras, après avoir été sous-directeur de la DST, se verra nommé
en 1971 à la direction des Services des voyages officiels et de la protection
des hautes autorités. La façon de déjouer un attentat n'avait pas de secrets
pour lui. Il terminera sa carrière à la direction du Service de coopération
technique internationale de la police.
Il voulait, avant la vaste fresque qu'il était seul en mesure de brosser - son
décès prématuré en 2008 l'en aura empêché -, commencer par la première
campagne d'Italie. C'est là que Bonaparte rode des méthodes qui vont faire
merveille à l'époque de la Grande Armée.
D'étonnantes figures sortent de l'ombre comme Toli ou Pico, sans oublier
Landrieux, plus connu comme inspirateur des massacres de Vérone qui
permirent à Bonaparte de mettre la main sur la République de Venise.
La chance de Napoléon fut ensuite d'avoir d'excellents espions, souvent
hérités de la Révolution française.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.