Le «cas Schönberg» : avec cette expression, la critique musicale viennoise
désigne, dès 1907, les controverses que déchaînent la figure et la
musique du compositeur. Entre mars 1902, date de la création de son
sextuor La Nuit transfigurée, et le concert du 31 mars 1913, où les oeuvres
de ses élèves Berg et Webern déclenchèrent une quasi-émeute, la valeur de
la «nouvelle direction musicale», selon les termes du rapport de police,
n'a cessé de diviser le public de sa ville natale.
Les adversaires de Schönberg n'ont pas oublié Le Cas Wagner
de Nietzsche, qui avait associé esthétique musicale et critique de la
culture. Les métaphores politiques de leurs diatribes traduisent les
inquiétudes du moment sur le cours du monde, mais s'y manifeste aussi
la profonde perplexité que fait naître cette musique littéralement inouïe,
s'affranchissant peu à peu de la tonalité jusqu'à devenir, vers 1909,
purement atonale. La critique voit en Schönberg, bien avant ses amis qui
préfèrent le décrire comme un héritier de la tradition, ce qui fera de lui la
principale figure musicale du XXe siècle : un révolutionnaire.
Comment l'idée qu'il représente l'avant-garde musicale par excellence
s'est forgée pour passer dans le sens commun, c'est ce qu'établit Esteban
Buch en se fondant sur une analyse attentive de l'abondante presse de
l'époque, en partie oubliée. Elle lui permet de poser un nouveau regard
sur les avant-gardes historiques du XXe siècle.
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