L'autre et le furet du bois joli
« - Le premier personnage d'un roman, affirma Magali, est le roman-lui-même et il aspire à ouvrir toutes les portes. On se perd dans les récits. Il repousse tout ce qui pourrait le limiter. A peine si on le voit. Il est passé par ici ; il repassera par là. Il ne cesse de bouger, change de forme. Devient animal.
- Et il prend une multitude de visages, surenchérit Joëlle. Il joue avec les mots. Et si nous l'appelions Roman, tout simplement ou bien Je, ou bien encore Je le Roman, pour être plus explicite ? ».
Dans ce roman, les récits s'entremêlent dans « l'infini de l'altérité », rues de Paris, train, bus ou métro, et se disent à plusieurs voix, celles de Joëlle et de Magali, responsables bénévoles de la bibliothèque de leur village et conseillères municipales, mais aussi celles de Nadia, Fatoumata et ChingLing, adolescentes complices, tristes de la peine de cur de leur amie Clémentine, que Matthieu a quittée pour Jeanne, fille d'Olga, originaire de Pologne, et de Pablo, qui avait passé son enfance à entendre son père raconter sa guerre d'Espagne. « Jeanne, elle, s'était toujours demandé où ranger l'Histoire, si pressante à la maison, de la Pologne à l'Espagne ». Et puis d'autres voix encore, de celles rencontrées à la soirée où la « sur de Paul » conta son histoire, de ces voix qui trahissent les inquiétudes du moment : « Oh Madame, cela fait tellement longtemps qu'on vote, » soupire Madame Rosa de la place d'Italie. Et puis Judith, en mal d'espoir et d'utopie, d'évoquer la « rhétorique de la misère ».
Nul désespoir cependant en ce roman dont les personnages, Destin, victime du destin, le vétérinaire au désespoir, Marie-Mélodie, l'homme qui doutait, Couac, Zenet-Sérénité-Vois-tu, etc., puis tous les êtres composites, vont se fixer dans les étoiles, comme Orion ou Bérénice, puisque Roman, le furet du bois joli, ce rusé petit animal, a su s'allier tant de complicités...
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