Le Lanzelet d'Ulrich von Zatzikhoven, adaptation d'un «livre français»
aujourd'hui perdu, a été composé vers 1200. Par sa genèse comme par
la diversité de ses facettes, l'oeuvre sollicite l'intérêt de plusieurs disciplines.
La mise en perspective des différents aspects du Lanzelet reste un
chantier largement ouvert. La relation existant entre ce récit, d'une part,
et le Lancelot de Chrétien de Troyes comme le Lancelot en prose, d'autre
part, demeure déroutante, car si Lanzelet est lui aussi tout dévoué à la
reine Guenièvre (Ginovere), son engagement n'est nullement motivé par
la passion amoureuse, mais par la solidarité familiale et curiale. Mais plus
que cette altérité encore, c'est la dualité du récit pris en lui-même qui
frappe. Ce Lancelot-là est à la fois terrien et léger. Terrien parce que les
différents épisodes amoureux et conjugaux au centre desquels se trouve
le héros sont agencés, hiérarchisés et combinés avec le début (élimination
du père par les barons révoltés) et la fin de l'histoire (retour de
l'héritier) de façon à suggérer ce que peut être la bonne articulation
entre la conduite judicieuse des affaires matrimoniales et la gestion éclairée
du patrimoine dans un cadre dynastique. Terrien, le récit l'est aussi
par son goût prononcé du dicton. Mais il est également léger : le héros
ne s'enracine que progressivement et traverse d'abord l'existence avec
une parfaite insouciance. Le récit est riche par ailleurs en citations, en
notices de géographie fabuleuse, en historiettes, bref en matière de
conversation pour gens de cour. Ce contraste a de quoi intriguer la critique,
mais il est pour beaucoup dans le charme de l'oeuvre.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.