Il n'existe à ce jour, du moins dans les études cartésiennes en
langue française, aucun livre totalement consacré à la question de la
liberté ou consacré à la question de la liberté en sa totalité. Or on peut
considérer que la question de la liberté est pourtant la question fondamentale
de la métaphysique de Descartes, plus fondamentale encore
que la question de la science, puisque la véracité divine sur laquelle
repose la science ne se substitue à l'hypothèse de la tromperie divine
que parce que la volonté humaine découvre d'abord, par la démarche
du doute, qu'elle est la faculté de résister à toute tromperie et de ne
faillir jamais, en dépit de sa faillibilité naturelle, que par sa propre
négligence.
Contrairement à ce que soutient un certain nombre de lecteurs
et de commentateurs de Descartes, celui-ci n'a jamais changé de
sentiment, ni sur la liberté humaine dont la doctrine s'élabore de 1641
(4eMéditation) à 1645 (lettre à Mesland du 9 février), ni sur la liberté
divine dont la doctrine s'élabore de 1630 (correspondance avec
Mersenne sur la création des vérités éternelles) à 1648 (Entretien avec
Burman), ni sur leur articulation, la liberté de l'homme ne répondant
à la liberté de Dieu que sur la base d'une opposition essentielle. La
notion de libre arbitre, appréhendée en sa technicité, s'avère le pivot
de cette opposition. Aussi la traversée des textes est-elle inséparable
d'un rigoureux travail de conceptualisation : il faut définir de manière
progressive - autrement dit construire - les notions d'arbitre, de libre
arbitre, de liberté, d'indifférence, pour voir comment les textes se
complètent sans jamais se renier.
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