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Après Le Foutre de guerre, qui s’appliquait à explorer les aléas parfois pittoresques et bancals de la sexualité, et pour lequel a été créé depuis le terme «érotico-navrant», les Éditions Tabou persistent dans le déraisonnable et présentent La Philosophie dans le devoir, deuxième volet des souvenirs autobiographiques de Son Excellence Otto. Ni séquelle ni préquelle, cette nouvelle bordée d’élégantes cochonneries (aussi authentique que les précédentes) soumet un diptyque concernant la période 1928-1932, intercalaire aux précédentes aventures libidineuses de l’auteur. Nach Berlin! nous plonge dans la frénésie orgiaque de la capitale allemande qui, en ces hystériques années 20, est devenue la ville de la liesse et de la débauche, du trafic et du crime, le théâtre de tous les extrémismes politiques et culturels. Au cœur de cette nouvelle Babylone, hantée de désaxés en tout genre ne vivant que pour les plaisirs douteux qu’elle peut offrir, Otto, à la recherche de souvenirs touristiques d’un genre «particulier», va faire la rencontre fortuite d’une des personnalités les plus fascinantes et emblématiques de son temps. Une certaine Louise B. La Philosophie dans le devoir, qui donne son nom au présent opus, nous ramène en France, à l’hiver 1931. S.E. Otto règne en maître sur ses terres, sa garnison, sa table, ses grands crus et ses bonnes, dans une relative quiétude que va venir bousculer une chapelle d’illuminés errants, fruits croisés du mysticisme dévoyé et de la pathologie mentales. Victime consentante d’une prise en otage spirituelle, l’auteur goûtera aux joies perverses de la monarchie théocratique et de ses lendemains amers. Au terme d’une issue apocalyptique, il conclura sobrement que l’homme ne sera jamais qu’un homme, un animal d’une absolue imperfection qui peine, et peinera toujours, à se tenir sur ses deux jambes. Les lecteurs du Foutre de guerre vont retrouver, avec un subtil mélange de jubilation et de dégoût, les thèmes chers à l’auteur. Le dénigrement systématique du genre humain, sa fascination pour les outils du martyre, les trains blindés, la science champagne, les femmes toujours plus opulentes, ses penchants génésiques qui oscillent entre le comique et le révoltant. Peut-être s’attacheront-ils un peu plus à ce héros des temps perdus, ce va-t-en-guerre un peu brouillon, ce jouisseur patenté et un brin maladroit, qui n’aspire qu’à faire de l’exigence un devoir et de chaque jour qui passe une ode à la vie comme elle devrait être. Somptueuse.