En première lecture, ce livre est un essai sur le film de
James Whale (1935), ses origines (le célèbre roman de
Mary Shelley), l'écriture de son scénario, le choix de ses
acteurs, la relation avec la censure, etc.
Mais, plus profondément, c'est un essai sur la création, sur les
relations du créateur avec sa création, sur la prédominance de
l'acte de création sur tout autres considérations philosophiques,
religieuses ou morales.
C'est aussi un essai sur le mal, sur la tentation de puissance, sur
le vertige des interdits.
À sa première apparition, le visage du monstre est présenté
par Manguel comme l'une des icônes de notre temps, au même
titre que le visage de Greta Garbo... Cela fait partie des
nombreuses réussites de ce livre provoquées par ces
rapprochements inattendus où nous entraînent l'intelligence et
la culture de Manguel.
La comparaison, du point de vue de la création pure, entre
la Fiancée créée par Frankenstein et la Mariée mise à nu par ses
célibataires créée par Duchamp est un grand moment d'analyse
et de jubilation !
Enfin, et d'une façon assez classique dans la littérature et le
cinéma fantastiques, la monstruosité n'est peut-être pas là où on
le penserait. Le monstre n'aspire qu'à une harmonie que la
société des hommes «normaux» lui refuse. L'instant de bonheur
que connaît le monstre en compagnie d'un vieillard aveugle est
une scène magnifiquement décrite...
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