Du Brionnais à l'Europe en passant par Cluny,
la carrière ecclésiastique d'Hugues de Semur, l'enfant
qui n'aimait pas les armes, a été exceptionnelle. Tout
aussi exceptionnelle, celle de ses images a répandu sur
l'Europe, du XIIe siècle à nos jours, les figurations
les plus diverses du grand abbé : le conseiller de
Mathilde à Canossa (Donizone, 1115), l'égal du pape
sous les voûtes de Cluny III (ms Saint-Martin-aux-Champs,
XIIIe), la majesté sans visage du bréviaire de
Saint-Victor-sur-Rhins (XIIIe), le familier du Fils de Dieu
(Digoin, 1874) ... Aussi richement représentés qu'en
Italie ou en Allemagne, les saint Hugues brionnais du
XIXe siècle confirment l'attrait du fils de Semur sur une
époque qui a ressuscité le culte de ses reliques en même
temps que le monachisme bénédictin dans la France de
la IIIe République. Les petits reliquaires présentés ici
sont la charmante évocation d'une histoire en
réalité plus tourmentée.
Temps de sang et de larmes, le XIe siècle a été,
sous son impulsion, un moment très favorable à
l'art clunisien. En témoignent la construction du prieuré
de Marcigny, petite capitale européenne à la fin du
XIe siècle, l'édification de Cluny III, la reconstruction
de la priorale Paray-le-Monial (XIIe) et le chantier
toujours renouvelé de celle de Souvigny, sanctifiée par
les corps de Mayeul et d'Odilon. Les églises du
Brionnais, interrogées par l'archéologie du bâti, révèlent
l'emprise clunisienne sur le pays, mais aussi la résistance
organisée par des fondations comme Anzy-le-Duc ou
Saint-Germain-en-Brionnais. Organisateur de l'Ecclesia
cluniacensis, inventeur de la Renaissance du XIIe siècle,
créateur de l'exceptionnel Déambulatoire des Anges
dont Paray-le-Monial a poussé au plus haut l'expérience
de lumière, saint Hugues a été en avance sur son temps.
Quand il meurt, en 1109, l'Europe a basculé dans
un autre monde.
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