Se fondant sur une riche documentation inédite, cette
étude montre que, contrairement à l'idée selon laquelle les
biens d'une fondation pieuse (waqf) sont inaliénables, de
nombreux biens affectés à des waqfs de Jérusalem entre 1858
et 1917 étaient offerts, vendus, spoliés, donnés en héritage ou
transformés en propriétés privées, par des voies légales ou
illégales.
À partir de nombreuses sources de première main
(archives conservées en Palestine, en Jordanie, en Turquie, en
France, en Allemagne et au Royaume-Uni), l'auteur examine
les modalités selon lesquelles, dans le cadre du droit musulman
et de la législation ottomane, un bien waqf pouvait changer de
statut et devenir une propriété privée. Il met en lumière les
stratégies et les procédures par lesquelles différents acteurs
ont participé à cette transformation et montre comment,
à travers divers types de contrats, les gestionnaires des
waqfs, ainsi que les représentants des autorités politiques
et religieuses locales, du pouvoir ottoman et des puissances
étrangères, ont contribué à s'approprier les biens affectés à ces
waqfs dans le cadre d'intérêts personnels ou collectifs. Durant
les six dernières décennies ottomanes, le paysage foncier de
Jérusalem fut ainsi profondément bouleversé.
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