Les automobilistes reprochent aux paysans de semer des clous
sur les routes, ce qui fait éclater fâcheusement les pneus. Pourquoi
les paysans ne sèmeraient-ils pas des clous sur les routes ?
Il est moins dangereux de rencontrer des clous qu'une automobile
faisant du cent vingt à l'heure.
Messieurs les automobilistes ne veulent pas comprendre que
leurs machines, utilisées pour le seul plaisir des riches, sont
odieuses à tous. Elles empuantissent l'air de pétrole ; elles souillent
les routes d'huile ; elles font voltiger des poussières nocives ;
elles écrasent poulets, dindons, chiens, enfants et femmes. Elles
répandent partout la saleté et la mort. L'automobiliste est, en général,
brutal, grossier et insolent. Il traite les villages en pays
conquis, nargue les habitants et file à toute vitesse quand il s'est
offert une victime. L'automobile de luxe est le parfait symbole de
la richesse hautaine et arrogante.
En semant des clous, les paysans accomplissent un acte de légitime
défense. Ils iront un jour à l'assaut des autos comme autrefois
à l'assaut des châteaux, puisque les pouvoirs publics ne veulent
pas les protéger contre les excès de ces monstres destructeurs.
Il est vrai que les automobilistes se cassent parfois la gueule.
Ce n'est que justice, et personne ne les plaint.
Cette anthologie regroupe des articles de presse, des extraits d'ouvrages
et des caricatures publiés entre la fin du XIXe siècle et le
début du XXe, lors de l'apparition de l'automobile sur les routes.
Elle retrace la résistance méconnue menée contre la ploutocratie
pétaradante. «Il est très peuple d'aller à pied et très snob d'écrabouiller
ceux qui y vont. Malheureusement on a peut-être abusé de
la permission dans ces derniers temps, et les écrasés se rebiffent.»
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