L'enfant prodige n'a pas six ans lorsqu'il compose son premier menuet. Avec
ses parents et sa soeur Nannerl, elle aussi claveciniste prodige, il parcourt
l'Europe. Minouchette et Siegfried partagent cette chevauchée de trois ans au
rythme de la diligence, des relais de poste où se changent les chevaux. Dans
toutes les cours d'Europe, les enfants sont fêtés par les rois, les princes. Les
aristocrates s'arrachent leur présence. Léopold, sans perdre la tendresse
d'un père, se révèle un pédagogue rigoureux et le meilleur des imprésario.
Le bonheur que la famille ressent pour la reconnaissance des dons exceptionnels
du petit prodige ne dure que le temps d'une enfance. Dans ce ciel
lumineux passe l'ombre de la mort : le prince archevêque de Salzbourg, si
compréhensif, disparaît. Avec son successeur tout chavire. Le Wolfgang de
vingt ans a perdu l'aura du petit prodige. Le compositeur de génie présente,
comme le dit l'empereur Joseph II «des mets trop durs pour les dents des
Viennois». Succès et oublis alternent. Avec le mariage, la débâcle matérielle
s'installe. Les deuils s'enchaînent sans pour autant freiner l'envol des chefs-d'oeuvre.
Plus de cinq cent cinquante dans une vie si brève qui se brise à
trente-cinq ans, sur un requiem inachevé. La neige seule accompagne le corbillard,
jusqu'à la fosse commune. Seule reste sa musique.
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