Le «séjour du corps», c'est ce «logement nocturne»
que l'homme veut pénétrer à toute force pour
le soumettre à sa volonté, qu'il veut habiter afin de
percer les secrets qui l'habitent, peut-être d'accéder à
sa conscience, d'autopsier son mystère ou lui voler son
pouvoir ; c'est ce lieu de la jouissance et de la mort, de
l'intimité et de la possession physique, où, écrit Duras,
«nous sommes atteintes par le désir de notre amant.
[...] C'est là que nous voulons mourir». Volonté de
mort bien trop fugitive, à vrai dire, pour ne pas révéler
ce qui fait de ce séjour un moment d'exception : la
toute puissance des bonnes moeurs et la tyrannie du
devoir conjugal. Ainsi, à l'impératif moral et social de
la fidélité en amour, Duras préfère la fidélité à l'Amour
même. Certes, cette fidélité conduit nombre de ses
héroïnes, prisonnières du devoir, à la folie ; mais elle
témoigne surtout de la foi lucide d'un écrivain dans
l'événement du désir.
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