Les Carnets (1843-1864) devaient être publiés en 1865 par Lacroix (le
premier éditeur des oeuvres complètes et de la correspondance). Il fallut
attendre quasiment un siècle pour disposer de l'édition critique de Pierre
Haubtmann (il consacre ses recherches à Proudhon des années 1940 à 70)
chez l'éditeur Marcel Rivière (qui dès les années 1930 avait commencé
une nouvelle édition des oeuvres complètes de Proudhon).
Voici le journal d'un révolutionnaire, contradictoire et violent, sceptique
et visionnaire. Les Carnets (onze) devaient paraître en six volumes : les
quatre premiers (actuelle édition) ont paru en 1971. Les derniers cahiers
seront publiés ultérieurement.
Les Mémoires de ma vie sont une préface idéale pour cette masse de notes
et contre-notes d'un Proudhon en débat perpétuel, avec lui-même et son
temps, obsédé par ses projets de transformation sociale (comment sortir du
bourbier de l'injustice, de l'exploitation monstrueuse mondiale cynique et
délibérée et de ses diverses formes de tyrannie).
Ces Mémoires (parues en 1904 dans la Revue socialiste) brassent les événements
majeurs de sa vie jusqu'en 1844 : les Carnets en sont la suite
conséquente. Mais il faudrait, pour vraiment pénétrer et scruter l'inextricable
fondateur de l'Anarchie (coopération, coordination, fédération,
autonomie du non-pouvoir), et sa pensée en train de se faire (telle que la
voyait son successeur inattendu Charles Péguy), publier la correspondance
et les Cahiers inédits, ce qui donnerait une vision de l'envergure de
cet homme (premier théologien de l'Anarchie), du chantier de sa vie, de
son oeuvre et de ses actes, indissociables. Un projet en route avec les
presses du réel.
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