Allan Pettersson n'est certes pas un compositeur inconnu. Il a rencontré
le succès public, et s'il n'a pas été prophète en son pays, il a
reçu de son vivant la reconnaissance des institutions suédoises. Ses
oeuvres sont pratiquement toutes documentées par le disque, et parfois
de manière remarquable. En dépit de ces accomplissements, sa
musique rencontre un écho marginal. On peut tenter d'expliquer cela
par des raisons musicales. On peut invoquer qu'il s'est essentiellement
consacré à la symphonie, un genre considéré de son vivant comme largement
périmé. On peut concevoir que son art rebute par ses excès, sa
rudesse de ton, son architecture parfois difficile à saisir, son lyrisme
pourquoi pas ?
La raison de la marginalité de Pettersson est peut-être plus directement
liée au message porté par sa musique. Son oeuvre est celui de
l'enfant victime, du malade exclu, de l'individu en lutte pour sa survie
mentale et physique. Il arrive que le repos ou la délivrance soient
au bout du combat (Sixième et Septième Symphonies, Concerto
pour violon n° 2), mais pas nécessairement (Dixième Symphonie).
Pettersson, c'est l'insurgé, sans le romantisme que l'on peut associer
aux tempéraments perçus comme individualistes et révoltés. Pettersson
témoigne pour les millions d'êtres qui lui ressemblent mais sont silencieux
et qui, oubliés, constituent pourtant une part essentielle de notre
humanité. Un témoignage, nécessaire, unique dans sa dimension, sans
complaisance, et qu'il n'est pas aisé d'entendre.
Jean-Christophe Le Toquin
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