Laver l'humiliation de la défaite de 1870, et
purger la France du péril «pornographique»
de la Belle Époque : voilà ce qu'on attend, en 1914,
de la Grande Guerre. On accuse les femmes de
corrompre le soldat ; on sacralise le «poilu» viril
et chaste qui arrachera la victoire au péril de sa vie. Mais c'est méconnaître l'immense
frustration affective et sexuelle des combattants, et le trouble que provoque bientôt le culte
de la virilité chez des hommes amoindris par la solitude, le sang et la mort. À partir de
1916, le rêve de la régénération laisse place à une profonde démoralisation. Cette histoire
des moeurs, où l'on voit l'armée et l'État se disputer le contrôle de la population et de
ses pratiques sexuelles, est aussi une histoire de l'intime, noire et bouleversante.
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