«Pourquoi ne ferions-nous pas, de temps en temps, un peu de
toilette spirituelle ? Pourquoi pas aujourd'hui, par exemple ? Je ne
parle pas de la grande lessive, telle qu'elle ne sera faite qu'une
fois au jour du Jugement, et pour laquelle il faudra des volumes,
si on entre dans le détail ; non, un simple petit débarbouillage : un
tour d'oreille.»
La plume de Jean Giono chroniqueur n'est pas différente de celle
du romancier. En peu de mots, il crée des mondes, il enchante. Ici,
il nous fait part d'une sagesse un peu amère. Dans ces textes écrits
de 1951 à 1965, l'écrivain découvre que le monde est mauvais,
que l'homme aime le sang, qu'il s'acharne à détruire la nature.
Giono, toujours du côté de l'individu contre la masse, du travailleur
contre ceux qui le gouvernent, peut paraître passéiste, sans doute,
mais c'est parce que le monde de naguère lui semble plus humain.
Quelques pages lui suffisent pour inventer une histoire fabuleuse,
l'oeil toujours prêt à croquer sur le vif personnages et paysages, et
à les mettre en scène pour un de ces merveilleux spectacles que
lui dicte son imagination.
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