Roman posthume, Le tentateur (1953) raconte comment un
personnage assoiffé de pouvoir mystifie la population d'un petit
village autrichien. Il a le don de la parole, l'instinct de la foule ;
il sait séduire, fanatiser, et son pouvoir lui gagne peu à peu tout
le village, en commençant par la jeunesse. Que prêche-t-il ? La
haine de la civilisation, des machines, des étrangers, et le retour
aux anciennes forces de la terre dont il prétend posséder le secret.
Son influence maléfique est combattue par le narrateur, médecin
«raisonnable» qui a renoncé à la ville et au succès pour l'austérité
de la montagne.
Broch nous livre ici les prémisses d'une religiosité nouvelle,
cependant qu'il analyse le processus de fascination qui livra son
époque aux folies meurtrières d'un dictateur habile à fanatiser les
masses. Ces divers plans, mêlés à une maîtrise technique et une
richesse d'écriture extrêmement efficaces, forment une grande
épopée où le présent et le passé, la Tradition et la Nouveauté
s'allient pour fonder une sagesse, non pas dogmatique, mais
consciemment utile.
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