Des fortifs au périf

Publiée en 1991, la version initiale de ce livre était devenue introuvable. Le centenaire de la démolition des fortifications de Thiers est l'occasion de le rééditer et de l'actualiser en ajoutant aux analyses devenues elles-mêmes historiques un aperçu sur les trois dernières décennies de discussions sur le destin de la ceinture de Paris.

Construite sous la monarchie de Juillet, la dernière enceinte de Paris reste gravée dans le paysage, sous la forme de deux anneaux toujours stratégiques dans l'aménagement de la métropole parisienne : la ceinture continue des habitations et le serpent de béton du boulevard Périphérique sillonnant la principale réserve foncière de la capitale.

Des controverses sur le tracé de l'enceinte de Thiers aux réflexions présentes, les projets tant politiques que techniques prescrivant un avenir radieux à la ceinture de Paris font l'objet d'une restitution minutieuse. Les polémiques sur la désaffectation de l'enceinte avant 1914, les visions des architectes et des techniciens des années 1920 et 1930, et les politiques routières conduisant au Périphérique sont lues dans leur continuité.

Les architectures idéales et les documents opérationnels relatifs à cette chronique ne sont pas le seul témoignage des vies multiples de la ceinture. Ils sont confrontés aux images des artistes ayant exploré les marges de Paris. De Van Gogh à Atget, mais aussi de Zola à Céline, l'espace de liberté des fortifs et de la zone n'a cessé de révéler cette « expérience du phénomène de la limite » que Walter Benjamin lisait dans les seuils de la ville.

Cent quatre-vingts ans après l'embastillement de Paris, cette limite peut devenir paradoxalement le lieu du retour des citoyens qui la hantaient jadis, tant des pratiques multiples y sont imaginables. Cet ouvrage renouvelé entend y contribuer à sa manière.