À l'heure des replis communautaires et des identités figées,
que signifient appartenir et transmettre ? Contrairement
à ce qu'affirment tous les fondamentalismes, la transmission
d'un héritage ne doit pas être une réplication à l'identique. Elle
dépend d'une infidélité partielle, garante de surgissements inattendus,
aujourd'hui comme hier.
Mariant filiation et rupture, la tradition juive ne se renouvelle
qu'en étant bousculée et nourrie par sa rencontre avec d'autres ; cela
implique l'ouverture à l'Étranger, ainsi que l'ouverture au Féminin.
Cet ouvrage est donc d'abord un plaidoyer pour une «religion matricielle»
qui, à la manière d'un utérus, est un lieu de fertilisation. Les
textes sacrés eux-mêmes y sont fécondés par des lectures inédites.
Illustrant brillamment cette vision ouverte de la religion, Delphine
Horvilleur revisite, loin des interprétations convenues, quelques
épisodes fameux de la Genèse, notamment Adam et Ève, Caïn et
Abel, l'histoire biblique des premiers parents et des premiers enfants
de l'humanité. Elle montre aussi sa capacité à repenser les grands
problèmes contemporains à partir de la tradition rabbinique. Trois
thèmes sont successivement abordés : comment, selon le judaïsme,
se fabriquent un parent, une identité et un désir, c'est-à-dire la
possibilité d'enfanter l'avenir.
Procédant avec clarté et humour, citant aussi bien Émile Ajar et
Amos Oz que la Genèse et le Talmud, elle conclut son livre par une
analogie entre le Texte et le Féminin, dotés d'une même capacité de
croître et de multiplier.
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